En Afrique du Sud, j’ai joué avec trois lionceaux blancs. Aujourd’hui, c’est presque impossible de les observer dans la nature.
J’admire les lions blanc depuis longtemps. Leur extraordinaire fourrure couleur crème et leurs yeux bleu clair leur donnent une apparence unique. Ce n’est pas sans raison qu’ils revêtent un caractère sacré pour la tribu Tsonga : selon leurs croyances, l’âme de leurs rois décédés survit en eux. Il faut être chanceux pour les observer dans la vie sauvage. J’ai pris part à plusieurs safaris, j’ai vu de nombreux lions dans leur habitat naturel, mais je n’ai pas eu la chance de voir ce grand fauve blanc. Il a presque disparu de la savane. Selon l’organisation qui s’occupe de leur protection, le Global White Lion Protection Trust, aujourd’hui à peu près dix spécimens vivent en liberté dans les steppes africaines. Son apparence remarquable lui vaut d’être exposés partout dans le monde. Ainsi, on peut retrouver quelques centaines de spécimens vivant dans les zoos, les cirques et les centres de conservation des lions.
Ce prédateur de couleur clair n’est ni une espèce distincte, comme le prétend l’opinion populaire, ni une sous-espèce. Il s’agit d’une variété rare des lions d’Afrique du Sud – ou lion du Transvaal (Panthera leo krugeri) – qui habite uniquement dans la région Timbavati, de la province de Mpumalanga. La couleur spéciale de leur fourrure est due à une mutation génétique appelée le leucistisme. Il s’agit d’une dépigmentation partielle, ces animaux ne sont donc pas albinos. Ainsi la couleur de leur poils peut être blanc ou beige foncé en fonction du niveau de la mutation.
Il a reçu une attention toute particulière de la communauté internationale après la parution du livre de Chris McBridge « Les lions blanc de Timbavati » dans les années 70. Beaucoup de monde étaient convaincu qu’il ne sera pas capable de survivre à l’état sauvage à cause de sa fourrure éclatante, brillant dans la savane couleur paille, qui pourrait le pénaliser lors de la chasse. Dans la seconde partie des années 2000, il apparaissait de nouveau sur les vastes étendues de Timbavati. L’organisation Global White Lion Protection Trust venait de relâcher quelques spécimens dans la nature. Selon les observations, ils seraient parvenu à s’adapter parfaitement à la vie sauvage, ils chassent et se reproduisent avec succès sans l’aide humaine.
Lors de mes aventures sur le continent, je tenais absolument à en rencontrer un et pouvoir regarder dans ses yeux merveilleux. Mais pour cela, j’étais obligé de me rendre dans un centre de conservation. Ainsi, j’ai visité l’Otavi Wildlife Sanctuary en Afrique du Sud, ce parc est situé au milieu du pays, dans la province Freestate, à quelques kilomètres de la ville de Parys. Le domaine de 110 hectares offre l’asile à 14 espèces d’animaux, et s’occupe de la reproduction des félins. On y dénombre à peu près 30 lions.
Je suis entrée dans le parc survoltée. Après quelques minutes de marche, j’ai tout de suite vu les chats fainéants derrière la barrière. Parmi eux, il y avait des blancs, des couleur sable et quelques-un avec une crinière assez foncée, presque rouge. Ils étaient sublimes. Ils se reposaient sous la douce chaleur d’un soleil d’après-midi, leur quiétude n’était pas dérangé par notre présence. Par moments, ils ont lancé un regard vers nous, ont reniflé, puis sont retournés à leur paresse en s’étendant sur le sol sec et poussiéreux. Nous sommes passés à côté de plusieurs enclos. Sur une des parcelles, un vieux mâle solitaire se tenait debout, braquant son regard de défie sur nous. Le félin, avec son physique massif et ses pattes, larges et puissantes, avait une attitude si fière, que j’ai senti, sans même qu’il ne rugisse, qu’il était vraiment le roi des animaux. Nous nous sommes arrêtés quelques instants devant la clôture, et c’est à ce moment-là que nous avons entendu un grognement menaçant, tel l’orage, surgissant de sa gueule géante ouverte. Il était préférable de passer notre chemin.
Mon guide m’a conduite vers la nurserie des lions. Trois lionceaux âgés de cinq mois nous attendaient. Avant de m’immergé dans le jeu émouvant avec ces trois boules de poiles, le soigneur m’a averti : derrière leur physique mignon et leurs yeux innocents, se cachent de vrais bandits malicieux. Réfléchissons bien, quel objet de valeur amener ? Il y avait déjà un touriste distrait qui est tombé sur un os quand les lionceaux lui ont volé son appareil photo profitant d’un moment d’inattention. Le centre déclinait toutes responsabilités pour les chaussures aussi. Bien que regrettant la grande perte de cet ami des bêtes, je ne suis pas parvenu à cacher mon amusement sur le jeu des petits voleurs. Mais il m’était impossible de ne pas pouvoir immortaliser ces moments exceptionnels. J’ai suspendu mon appareil photo à mon coup, je l’ai saisi à deux mains, et je suis entrée dans l’enclos.
Les lionceaux ressemblaient à de vraies peluches vivantes. Ils gigotaient sans arrêt, à se rouler dans la poussière, se frotter contre mes jambes, renifler et lécher ma main. Un des petits chérubins a même mordillé mes lacets. J’ai passé à peu près une demie heure en leur compagnie. C’était un tel bonheur de jouer avec eux, même si je ne pouvais, à aucun instant, m’empêcher de penser que c’était tellement contre nature que de caresser les petits des animaux sauvages, comme s’ils étaient des chatons domestiques.
En sortant du parc j’ai songé, quel impact a-t-on, nous humains, dans l’équilibre naturel, lorsque l’on expulse de plus en plus d’espèces de leurs territoires naturelles. Je peux seulement espérer, que grâce à la protection de la vie sauvage, avec le temps, de plus en plus de lions blanc retourneront dans la savane.
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