Ces belles mais toxiques cloches peuvent, soit protéger le cœur de l’Homme, soit le tuer.
La digitale pourpre ou grande digitale (Digitalis purpurea) fait partie de la famille des scrofulariacées. Son nom scientifique est originaire du mot latin « digitus », c’est à dire « doigt », faisant allusion au fait que l’on peut facilement rentrer son dans sa fleur, tel un dé à coudre. Jadis, elle était considérée comme une plante magique, avec laquelle, dans certaines régions celtes, les femmes décoraient les interstices sur les toits des chaumières. Selon la croyance, cela repoussait les forces maléfiques.
A l’exception des contrées du nord, elle se trouve dans la plupart des régions plates et montagneuses d’Europe, mais a également été introduite dans les régions tempérées d’Amérique du Nord. Elle est commune dans toute la France, sauf sur le littoral méditerranéen et dans la forêt des Landes. J’ai trouvé cette fleur extraordinaire, préférant les espaces ensoleillés ou de demi-ombre, lors d’une randonnée dans les Pyrénées.
C’est une plante bisannuelle, qui porte ses feuilles dans la première année, et ses fleurs se développent pendant la seconde. Sa tige droite mesure de 50 à 70 centimètres de hauteur, et ses feuilles, en forme de lance, poussent jusqu’à une longueur de 20 à 40 centimètres. Toute la plante est couverte de fins poils. La face intérieure de ses fleurs en forme de cloche, pendantes en grandes grappes, est mouchetée par des taches foncées. Les fleurs sont violettes le plus souvent, mais il existe également des variétés roses, jaunes et blanches, que l’on peut principalement trouver parmi des plantes cultivées. Elle fleurit tôt en été, puis porte son fruit qui est une ovoïde capsule noire.
Elle est fortement toxique, mais la digitoxine extraite de ses feuilles séchées sont efficacement utilisées comme tonicardiaque. La différence entre un dosage bénéfique pour la santé et un dosage mortelle, est très petite, c’est pour cette raison qu’il est nécessaire de respecter scrupuleusement les ordonnances médicales. Les fleurs et les feuilles de cette plante contiennent même la digoxigénine, un stéroïde, qui est utilisée dans les recherches de biologie moléculaire, surtout comme marqueur lors d’hybridations d’acides nucléiques.